Jeanne Lanvin

Portrait Lanvin

Jeanne Lanvin, née au 35 rue Mazarine à Paris, est l'aînée des onze enfants de Bernard-Constant Lanvin, employé de presse, et de son épouse, née Sophie Blanche Deshayes, couturière. La famille vit dans une grande pauvreté. Jeanne commence à travailler dès l'âge de treize ans, en 1880, comme garnisseuse dans la boutique de chapeaux de « Madame Félix », rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris et comme apprentie chez la modiste « Boni ». Elle ouvre, grâce à un louis d'or donné par une cliente et un crédit de trois cents francs accordés par quelques fournisseurs, son premier petit magasin de mode toujours dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, puis sa première boutique dans la rue Boissy d'Anglas, en 1889. Elle y vend ses propres collections, qui se composent encore surtout de chapeaux.

Le 20 février 1896 à Paris 8e, elle épouse le comte Emilio di Pietro, dont elle se sépare en 1903 après avoir donné naissance à une fille, Marguerite, dite « Marie-Blanche ». Pour elle, Jeanne conçoit des robes qui lui inspirent très vite une collection pour enfants. Son talent se révèle si grand qu'une collection pour femmes est lancée en 1909. Depuis lors, c'est surtout pour ses robes que Jeanne Lanvin est connue. Son insistance pour les finitions de ses toilettes contribua à sa renommée et elle représente alors la Parisienne. Jeanne Lanvin apprécie énormément les couleurs ; sa couleur fétiche le bleu Lanvin ou encore le rose Polignac en hommage à sa fille ou bien le vert Vélasquez sont des classiques de la maison. Pour conserver l'exclusivité de ses couleurs, elle fonde ses propres ateliers de teinture à Nanterre en 1923. Malgré cet amour pour les couleurs, Jeanne Lanvin affectionne particulièrement le noir qu'elle considère comme représentant le « chic ultime » et qu'elle devait porter toute sa vie.

Le 6 mars 1903, elle divorce de di Pietro et épouse quatre ans plus tard Xavier Mélet, journaliste au quotidien conservateur Le Temps et consul de France à Manchester.

Les années 1920 voient un développement considérable de la maison Lanvin, ouvrant notamment le département Lanvin Décoration. En 1924, elle élargit son domaine d'activité aux parfums afin de financer la haute couture dispendieuse. Le premier, My Sin, est lancé en 1925. C'est vers cette époque qu'elle commence à collaborer avec le créateur Armand-Albert Rateau, qui s'occupe de la décoration de son hôtel particulier au 16, rue Barbet-de-Jouy, et de l'aspect intérieur de ses boutiques. De cette collaboration, il en sort une ligne d'intérieur, Lanvin Décorations. En 1926, suit aussi une collection pour hommes. En 1927, elle crée Jeanne Lanvin S.A. et ouvre de nombreuses succursales. La même année, son parfum « Arpège » est lancé.

Grande rivale de Coco Chanel, Jeanne Lanvin est novatrice dans la technique de la coupe, le dépouillement des accessoires et ses créations dépassent celles de Chanel « en succès critique et en renommée » jusqu'en 1925.

Après la mort de Jeanne Lanvin en 1946, de nombreux stylistes continuèrent à créer au fil des années des articles de mode pour la maison Lanvin, entre autres sa fille Marie-Blanche (1946), qui resta propriétaire de la maison jusqu'à sa mort en 1958 et Claude Montana (1990). Jusqu'en 1989 Maryll Lanvin fut le dernier membre de la famille à y être designer.

Avec le temps, les propriétaires de la maison Lanvin changèrent plusieurs fois eux aussi. Jusqu'à la fin des années 1980, l'entreprise resta la propriété de la famille élargie, en dernier lieu sous Bernard Lanvin - un petit-neveu de Jeanne - et de sa femme Maryll. Au début de 1989, des nécessités financières contraignirent Bernard Lanvin à vendre 34 % de l'affaire à la Midland Bank londonienne. Au milieu de cette même année, la banque accrut sa part à 40 % et retira à Maryll Lanvin son poste de designer. Ses projets avaient été qualifiés de « jolis mais manquant de distinction ». Son successeur Claude Montana devait cependant avoir encore moins de succès. En 1990, Orcofi, issu de la famille Louis Vuitton, prit le contrôle du groupe, puis en 1990, L'Oréal entre dans l'entreprise fortement endettée. Jusqu'en 1996, L'Oréal acheta peu à peu la totalité des parts d'Orcofi. En 1993, on renonça à la haute Couture et la maison Lanvin se limita par conséquent au commerce de parfum et aux licences ; le prêt-à-porter dont le succès était modeste - à l'époque on connaissait surtout des articles masculins comme les cravates et les chemises vendues en Duty Free – ne connut un renouveau progressif, grâce à L'Oréal, qu'à la fin des années 1990, et grâce aussi à Alber Elbaz. En 2001, la femme d'affaires chinoise Shaw-Lan Wang rachète la maison Lanvin à L’Oréal.

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