L'automobile de 1926

Elégance Couverture miniature"Voici de belles voitures. Elles n’ont pas été rassemblées en ces pages en raison de leur puissance ou de leur endurance, de leur vitesse ou de leur souplesse.
Sans doute pourraient-elles aussi prétendre à ces qualités. Mais c’est affaire de châssis et de moteurs. Châssis et moteurs disparaissent ici sous le vêtement d'acier, de bois ou de cuir des carrosseries. Ces carrosseries, dans leur diversité, sont également luxueuses. Leur luxe n’est pas toutefois non plus le motif principal qui les a fait choisir, entre beaucoup d’autres.
Ce sont de belles voitures. C’est leur esthétique que nous sommes conviés à apprécier. Notre œil doit prendre à les regarder le même plaisir que s’il s’agissait des derniers modèles de grands couturiers.
Nous devons être sensibles à l’harmonie de leurs formes et de leur ligne. À leur nouveauté aussi : ces belles voitures sont — pour parler le langage des chroniqueurs d’élégances — ce qu’il y a de plus up to date dans la mode automobile de I926. Car il existe une mode pour l‘automobile comme pour la toilette.
Un journal pour occuper les loisirs de l’été, a offert à ses lecteurs un ingénieux concours : il leur a présenté vingt-six robes différentes, échelonnées depuis I900 jusqu’à nos jours, — en leur demandant de retrouver pour chacune son année.
On pourrait se livrer, avec les voitures, au même jeu. Il suffirait d'ailleurs de feuilleter la collection de L’Illustration pour gouter cet instructif plaisir. Que d’étonnements et de sourires! «  Comment avons-nous pu nous habiller ainsi? » disent les jolies femmes gainées et court-vêtues d’aujourd'hui devant les traines ou les tailles à corset d’il y a seulement quinze ans.
Telle automobile électrique de I902, audacieusement qualifiée de «  véhicule de l’avenir », tels spécimens primés des premiers « concours d’élégance automobile » nous apparaissent aussi archaïques que les locomotives a tromblon de l’époque Louis-Philippe auprès d’une « Pacific ».
Mais l’évolution n’a pas demandé un siècle: elle s’est accomplie, sous les yeux d’une génération, en quelques années."

Robert de Beauplan pour L’illustration du 2 octobre 1926.

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